Qu’est-ce que la pharmacovigilance ?
Selon les lignes directrices européennes relatives à l’autorisation des médicaments contre
varroa en apiculture, il est attendu de ces médicaments qu’ils réduisent la charge parasitaire
au niveau du rucher de 95% pour les acaricides dits « de synthèse » et de 90% pour les
acaricides dits « d’origine naturelle ». Un manque d’efficacité caractérise ainsi une situation
dans laquelle ces seuils de réduction ne seraient pas atteints.
En pratique, un manque d’efficacité de traitement contre Varroa peut être plus
généralement suspecté sur la base de critères symptomatologiques : observation de varroas
phorétiques, présence d’abeilles aux ailes déformées, mortalité hivernale, anomalies du
couvain ; ou de résultats de suivis d’infestation au rucher : résultats inattendus de comptage
de chutes naturelles ou de varroas phorétiques après traitement.
En filière apicole, les manques d’efficacité contre varroa représentent la grande majorité des
déclarations de pharmacovigilance reçues chaque année par l’Anses - ANMV. Toutefois, dans
la grande majorité des cas, le lien de causalité avec le médicament reste difficile à établir.
C’est pourquoi, dans le cadre d’une démarche d’amélioration des données recueillies via les
déclarations de pharmacovigilance en apiculture, un travail de réflexion a été mené par
l’Anses-ANMV, afin de définir des critères de suspicion de manque d’efficacité des
médicaments contre Varroa, et d’établir une liste d’éléments importants à mentionner dans
les déclarations.
Comment déclarer un manque d’efficacité ?
A l’instar des effets indésirables, les manques d’efficacité des médicaments vétérinaires
apicoles peuvent être déclarés par le vétérinaire, le pharmacien ou l’apiculteur directement
à l’ANMV (Agence du Médicament Vétérinaire), au centre de pharmacovigilance vétérinaire
de Lyon (CPVL) ou au laboratoire titulaire de l’Autorisation de Mise sur le Marché du
médicament. Une télé-déclaration en ligne peut être effectuée directement sur le site de
l’Anses-ANMV : https://pharmacovigilance-anmv.anses.fr
Afin de faciliter l’analyse des données, la déclaration doit refléter la situation observée au
niveau du rucher. Lorsque plusieurs ruchers d’une même exploitation sont affectés par
l’évènement, il est conseillé de faire une déclaration séparée pour chaque rucher concerné.
Si dans un même rucher plusieurs médicaments ont été utilisés, l’ensemble des
médicaments peut être mentionné dans la même déclaration, en identifiant toutefois dans
le descriptif du cas les ruches traitées et affectées par le manque d’efficacité pour chaque
médicament.
Quels éléments mentionner dans la déclaration ?
Ainsi, au-delà des critères réglementaires minimaux nécessaires à l’enregistrement d’une
déclaration de pharmacovigilance, l’Anses-ANMV attire l’attention des potentiels déclarants
sur l’importance de renseigner autant que possible dans leurs déclarations les éléments
suivants (via le remplissage de champs dédiés dans le formulaire, ou dans le descriptif de
l’évènement) :
1- L’identification des animaux traités
- Nombre de ruches dans le rucher
- Nombre de ruches traitées
- Ecotype d’abeilles
- Type(s) de ruche
- Parcours technique du rucher si transhumance
2- Les modalités d’utilisation du médicament
- Nom du ou des médicaments
- Numéro(s) de lot(s)
- Date(s) d’application du traitement dans le rucher
- Durée(s) de traitement du rucher
- Dose administrée par ruche
- Positionnement dans la ruche
3- Les conditions d’utilisation dans le rucher
- Conditions climatiques et de températures sur la période
- Activité des colonies
- Réserves en nectar et pollen
- Quantité de couvain moyenne /ruche dans le rucher
- Population moyenne d’abeilles /ruche dans le rucher
- Etat sanitaire des colonies au moment du traitement
- Présence d’autres ruchers dans les environs
- Niveau moyen d’infestation du rucher avant traitement
- Autres traitements ou méthodes de lutte contre Varroa réalisés au cours de la saison sur les colonies du rucher
- Résultats d’éventuels tests de sensibilité des varroas
4- Les éléments faisant suspecter le manque d’efficacité
- Date de constatation de l’évènement
- Nombre de ruches affectées
- Nombre de ruches mortes suite à l’évènement
- Signes cliniques observés dans le rucher
- Niveau moyen d’infestation du rucher après traitement